Lentement, elle attrapa ma main. Tremblante et glacée était la sienne. "Ça nous aidera à nous réchauffer", m'a-t-elle dit. Son
visage, je l'admirais. On eût pu croire qu'elle regardait devant elle, mais elle fixait le néant. Des ses yeux vairon, son œil vert était le plus beau. D'ailleurs, sa couleur était proche de
la couleur de l'émeraude. Ses traits fins me rendaient jalouse, sa beauté me mettait en déroute. Elle me fascinait autant qu'elle m'inspirait de la jalousie. Ses longs cheveux noirs qui lui
arrivaient aux reins, fins et lisses, se laissaient porter par le vent, sans s'entremêler. Un reflet roux se dessinait dans ses cheveux lorsque le soleil venait à se montrer. Ses lèvres,
parfaitement bien dessinées, n'étaient ni trop fines, ni trop épaisses. A cet instant, figée dans ce paysage d'hiver, je priais de toutes mes forces pour qu'elle se tournât vers moi, me fît
un sourire et me regardât de son regard le plus tendre, ce regard dont seule elle connaissait le secret, ce regard qu'elle n'adressait jamais à personne d'autre que moi. Mais elle ne fixait
que le trottoir d'en face.
Enlia sourit. Mais ce n'était pas à moi que ce sourire s'adressait. Un jeune homme vêtu de noir traversa la route. Il avait un long manteau noir, des cheveux noirs, des chaussures noires, un
parapluie noir. Il s'approcha de ma précieuse amie. Celle-ci se tournât vers moi. "Il s'appelle Léonard. On sort ensemble depuis cinq ans. On a prévu de se marier la semaine prochaine. Je
voulais que tu sois la première à entendre la nouvelle." J'en restais bouche bée. Elle ajouta : "Nous avons prévu d'organiser une petite fête privée dans une petite chapelle. Tu
viendras, n'est-ce pas ?"
Les yeux en larmes, je me retournais. Il fallait à tout prix qu'elle ne me voit pas pleurer. Je me suis mise à courir, le plus vite possible, sans même éviter les plaques de verglas. Courir,
le plus vite, le plus loin possible. Mes larmes débordaient et se glacèrent telles des perles en verre sur mes joues.
Au loin, j'entendis un rire presque sadique provenant de l'endroit que j'ai quitté à l'instant
Edité le 19-10-2010.
Commentaire de moi.
C'est mon tout premier texte. D'ailleurs, à l'époque,
j'en étais plutôt fière. Aujourd'hui il me fait vomir quand
je pense que c'est moi qui ai écrit ça...